Aidants familiaux : Emmanuel Macron pour le “baluchonnage”
L’allongement de l’espérance de vie est factuel, ce qui place la question de l’accompagnement des personnes âgées au cœur des préoccupations. La prise en charge de la dépendance et de la perte d’autonomie concerne des millions d’aidants familiaux. A l’aube de ce quinquennat, quelle politique en leur faveur est inscrite dans le programme du Président nouvellement élu ?
Aidants familiaux : 17 millions de Français concernés en 2020
La question des aidants familiaux est délicate tant les personnes impliquées ne savent pas elles-mêmes qu’elles remplissent cette fonction. L’Association française des aidants dénombre 8,3 millions de Français exerçant ce rôle au quotidien auprès d’un proche en situation de maladie ou de handicap. Le deuxième Baromètre des aidants, piloté par la Fondation April et réalisé par l’institut BVA, enregistre 11 millions d’aidants familiaux en 2016. Mais 7 sur 10 ne se considèrent pas comme tels tant ce rôle est méconnu et les situations diverses. La démographie en France laisse entrevoir un contingent d’aidants familiaux de plus ou moins 17 millions de Français à l’horizon 2020, soit un quart de la population.
Définition de l’aidant par la Confédération des organisations familiales de l’Union européenne (COFACE) : « La personne non professionnelle qui vient en aide à titre principal, pour partie ou totalement, à une personne dépendante de son entourage, pour les activités de la vie quotidienne. Cette aide régulière peut être prodiguée de façon permanente ou non et peut prendre plusieurs formes, notamment : nursing, soins, accompagnement à l’éducation et à la vie sociale, démarches administratives, coordination, vigilance permanente, soutien psychologique, communication, activités domestiques... » |
Vers un statut juridique unique de l’aidant familial ?
Ainsi, selon le Code de l’action sociale et de la famille :
Est considéré comme un aidant familial, le conjoint, le concubin, la personne avec laquelle le bénéficiaire a conclu un pacte civil de solidarité, l’ascendant, le descendant ou le collatéral jusqu’au quatrième degré du bénéficiaire, ou l’ascendant, le descendant ou le collatéral jusqu’au quatrième degré de l’autre membre du couple qui apporte l’aide humaine et qui n’est pas salarié pour cette aide. (art. R245-7)
Jusqu’en 2016, aucun statut juridique de l’aidant familial n’existait. Mais la situation a évolué depuis la publication d’un décret de la loi pour l’adaptation de la société au vieillissement. Celui-ci précise les modalités de l’assouplissement et de l’élargissement du congé du soutien familial qui possède parallèlement une activité professionnelle. Le statut de l’aidant familial lui accorderait des droits en matière de formation, de validation des acquis de l’expérience, de rémunération, de dédommagement, de congé et de répit.
Emmanuel Macron souhaite encourager le baluchonnage
Mis en place au Québec, le modèle de baluchonnage est plébiscité dans un rapport parlementaire de mars 2017 piloté par la députée Joëlle Huillier : « Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit ». L’idée est de permettre à l’aidant familial de se reposer en étant relayé par un aidant professionnel directement au domicile de la personne âgée. Ce modèle est encouragé par Emmanuel Macron avec d’autres propositions comme la création d’un chèque bilan santé/social adossé au droit à la formation, un accompagnement psychologique mieux encadré et une simplification des démarches administratives.
Le droit au répit est essentiel alors que 70 % des conjoints et 50 % des enfants aidants familiaux consacrent plus de 6 heures quotidiennes de travail à cette charge. S’ensuivent une importante fatigue psychologique et un sentiment permanent d’inquiétude et d’isolement. Pour être efficace, la durée du relayage est fixée à 36 heures, soit deux jours et une nuit. Autre intérêt : respecter la volonté des personnes en perte d’autonomie (personnes handicapées, touchées par Alzheimer et les maladies apparentées, etc.) de se maintenir à leur domicile. Le relayeur n’a pas vocation à effectuer d’autres tâches que celles réalisées par l’aidant familial. C’est un remplaçant stricto sensu du proche obligatoirement absent du domicile durant ce temps de repos.
Pour savoir si une avancée vers l’expérimentation de ce relayage des aidants familiaux se concrétise, il sera intéressant d’observer la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.
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