L’évolution du pouvoir d’achat des ménages
Sujet de préoccupation majeur des Français, la question de l’évolution du pouvoir d’achat est centrale dans le débat public. Les statistiques de l’INSEE montrent une progression globale du pouvoir d’achat des ménages au cours des vingt dernières années, mais la perception du grand public est différente. Explications.
Le pouvoir d’achat : kézako ?
Le pouvoir d’achat désigne la capacité, pour les consommateurs, d’acheter des biens et des services avec leurs revenus. Deux facteurs l’influencent directement :
- Premièrement, le revenu disponible brut, obtenu à partir de l’ensemble des revenus et des prestations sociales perçus par le ménage, moins les cotisations sociales et impôts versés
- Deuxièmement, l’évolution du niveau général des prix, c’est-à-dire de l’inflation dans une économie
On parle de gain de pouvoir d’achat des ménages, lorsque le revenu disponible brut des ménages progresse à un rythme plus élevé que l’inflation.
C’est ce que l’on a constaté en France au cours des vingt dernières années. Entre 2000 et 2019, le revenu disponible brut des ménages a, en effet, progressé de 2,9 % en moyenne, soit à un rythme plus élevé que l’inflation (+ 1,3 % en moyenne). Ainsi, le pouvoir d’achat des ménages a progressé d’environ 1,6 % par an en moyenne au cours de cette période. Selon ces statistiques, le pouvoir d’achat des ménages n’a reculé qu’à deux reprises, en 2012 et 2013, du fait des conséquences de la crise des dettes publiques en Europe.
Décomposition de l’évolution annuelle du pouvoir d’achat des ménages (en %)
La divergence entre les statistiques de pouvoir d’achat et le ressenti des Français Appréhendée par des sondages d’opinion, la perception de la population française diffère souvent cette réalité statistique. Pour une majorité de ménages interrogés, leur pouvoir d’achat n’aurait pas augmenté et aurait, au mieux, stagné au cours de ces vingt dernières années. Comment expliquer cet écart entre la réalité statistique et la perception de la population ?
Il faut, tout d’abord, noter que la hausse récente du pouvoir d’achat est relativement faible au regard de sa progression au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Ainsi, une hausse de 1 % est sans doute plus difficile à percevoir dans la vie quotidienne qu’une progression de l’ordre de 5 % par an. De plus, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir d’achat des ménages a récemment stagné et même diminué en 2012 et 2013.
Une deuxième explication réside dans l’accroissement de la part des dépenses « pré-engagées » dans le budget des ménages. Ces dépenses sont dites « contraintes », car elles sont engagées par contrat et ne sont pas modifiables à court terme. Elles incluent, par exemple, les dépenses de logement (loyer ou remboursement d’emprunt), de télécommunications, etc. Suite à l’augmentation de la part des dépenses pré-engagées, la part du revenu dit « arbitrable », c’est-à-dire qu’il reste aux ménages après avoir payé leurs factures indispensables diminue, ce qui tend à réduire la satisfaction qu’ils tirent de leurs revenus. De fait, les données de l’INSEE montrent que la progression du pouvoir d’achat « arbitrable », calculé à partir du revenu disponible brut moins les dépenses pré-engagées, tend à être moins forte que celle du pouvoir d’achat global.
Evolution annuelle du pouvoir d’achat et du pouvoir d’achat arbitrable (en %)
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