Assurance vie : moins de bénéfices redistribués

Le taux de redistribution des contrats d’assurance vie a fortement baissé l’an dernier, d’après une étude de l’association de consommateurs CLCV. Les mutuelles, dont la MIF, figurent parmi les acteurs les plus généreux.

Un indicateur de performance

Le début de l’année marque traditionnellement le temps fort du « bal des rendements » de l’assurance vie. À partir de janvier et jusqu’en avril, les assureurs vie publient, un à un, la rémunération annuelle de leur fonds en euros (nette de frais de gestion, mais brute des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu). Un autre indicateur de performance n’est, lui, pas communiqué : le taux de redistribution.

Le taux de redistribution mesure le ratio entre le taux servi aux souscripteurs et le taux de rendement des actifs (obligations, actions, monétaire…) qui composent le portefeuille du fonds en euros. En d’autres termes, le taux de redistribution mesure la proportion des bénéfices redistribués par l’assureur à ses clients. Si le Code des assurances impose une redistribution de 85%, les assureurs ont la possibilité de mettre une partie des gains dans des réserves et de les redistribuer plus tard.

Chute du taux de redistribution

Selon la quatrième édition de l’Observatoire de l’assurance vie de l’association de défense des consommateurs Consommation-logement-cadre de vie (CLCV) rendue publique le 18 décembre 2020, le taux de redistribution se situe largement en dessous du seuil des 85%. Pire : il a fortement baissé sur un an. D’après l’étude de CLCV réalisée sur 245 contrats, le taux de redistribution des fonds euros est passé de 66,5% en 2018 à 55% en 2019. Soit une chute de 11,5 points de pourcentage en 12 mois !

Calculé sur huit ans, pour tenir compte d’un éventuel lissage des plus-values réalisées et des possibles distributions des réserves, le recul est de 2 points seulement (67,3% en 2019, contre 69,4% en 2018). Il atteint 5 points en comparant le taux de redistribution sur huit ans de 2017 (72,4%).

Baisse de la rentabilité des actifs

La baisse du taux de redistribution résulte du recul des rendements des actifs sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt. Ainsi, la performance moyenne des portefeuilles s’est située à 2,76% en 2019, contre 2,98% en 2018. Reste que ce repli de 0,22 point est plus faible que celle du taux moyen de rendement, tombé de 1,84% en 2018 à 1,50% en 2019 (soit une chute de 0,34 point).

« La baisse des rendements servis a été plus importante en 2019 que le recul effectif de la rentabilité des placements. Un choix de place a donc été fait de pénaliser les détenteurs de fonds en euros », estime CLCV. Les assureurs ont, en effet, tout intérêt à inciter leurs souscripteurs à investir dans des unités de compte (UC). Contrairement aux fonds en euros, le capital (le cumul des versements) des UC n’est pas garanti. Du coup, l’assureur a moins besoin de provisionner pour respecter les règles prudentielles.

Meilleure gestion d’actifs chez les mutuelles

Dans ce tableau assez sombre dressé par CLCV, les mutuelles d’assurance contrastent positivement. Passé de 67,7% en 2018 à 60,6% en 2019, leur taux moyen de distribution baisse de seulement 6 points. Il faut dire que les mutuelles ont réalisé globalement des gains supérieurs aux autres acteurs. Ainsi, le rendement des actifs du fonds euros de la MIF s’est situé à 3,19% en 2019.

D’une manière générale, la gestion d’actifs des mutuelles surperforme. « Sur huit ans, la MIF fait plus de 50% de mieux que CNP Assurances (le premier assureur vie français, NDLR) », souligne CLCV. La baisse moins marquée du taux de redistribution chez les mutuelles s’explique également par leur plus grande générosité. N’ayant pas de dividendes à verser à leurs actionnaires, contrairement aux sociétés d’assurance cotées, les organismes mutualistes, comme la MIF, redistribuent plus largement leurs bénéfices à leurs sociétaires.