Assurance vie : les épargnants à la recherche de rendement
Face à la baisse continue de la rémunération des fonds en euros, une large part des souscripteurs de contrat multisupport envisagent d'accroître la part de leur épargne investie dans des unités de compte.
Une baisse de rendement
Les Français sont conscients que l’assurance vie rapporte moins qu’avant. Selon une étude du gestionnaire d'actifs Fidelity International, publiée le 9 juin 2020 et réalisée auprès de 1 002 individus âgés de 18 ans et plus, 59 % des personnes interrogées sont au courant de la baisse du rendement des fonds en euros. De 5,30 % en 2000, la rémunération moyenne (nette de frais de gestion, mais brute des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu) de ces supports, qui concentrent 79 % de l’encours (le cumul des versements majorés des intérêts annuels et des plus-values latentes) de l’assurance vie, est passée à 1,80 % en 2018 et pourrait tomber à 1,40 % en 2019, d’après les estimations du cabinet Facts & Figures.
Cette chute de rentabilité résulte de la politique des taux bas menée par la Banque centrale européenne (BCE), afin de doper les investissements et donc la croissance sur le Vieux continent. Les fonds en euros étant composés à 80 % d’obligations, la faiblesse des taux d’intérêt des emprunts d’État pèse sur les performances de ces supports sécurisés (le capital est garanti par l’assureur). Les épargnants les plus avertis de l’érosion du rendement des fonds euros sont les seniors (65 % des plus de 65 ans sont au courant), le plus souvent retraités (66 % d’inactifs), urbains (62 % vivent dans des villes de plus de 20 000 habitants), et aisés (66 % perçoivent un revenu supérieur à 5 000 euros par mois et 80 % disposent d’un patrimoine supérieur à 150 000 euros).
Une volonté d’augmenter l’exposition aux actions
Toujours selon l’étude de Fidelity, 80 % des sondés ne sont pas satisfaits du rendement de leur fonds euros (dont 30 % « pas du tout satisfaits »). Du coup, 58% des répondants déclarent vouloir agir. Parmi eux, 20 % envisagent d’accroître la part de leur contrat d’assurance vie multisupport investie dans les unités de compte (UC). Ces supports non garantis par l’assureur sont potentiellement plus rémunérateurs, car ils proposent des actifs plus diversifiés que les fonds euros. Chez les répondants souhaitant augmenter la part de leurs UC, 51 % veulent privilégier les actions d’entreprises. À peine 32 % envisagent d’investir dans des véhicules immobiliers considérés plus sûrs, comme des parts de sociétés civiles immobilières (SCI), de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ou d’organismes de placement collectif en immobilier (OPCI).
Les Français semblent donc avoir compris que, pour obtenir du rendement, il faut prendre des risques. Contre toutes attentes, l’épidémie de coronavirus n'a pas l’air de remettre en cause cette prise de conscience. Fidelity a effectué une seconde vague de sondage du 29 avril au 7 mai 2020 - soit en pleine période de confinement - auprès de 1 001 personnes âgées de 18 ans et plus. Il en ressort que 49 % des souscripteurs d’assurance vie veulent, en dépit de la crise sanitaire, contrecarrer la baisse du rendement de leur fonds euros, dont 18% en investissant davantage dans les UC. Soit des résultats proches de ceux d’avant Covid-19. Paradoxalement, ils sont plus nombreux à envisager investir dans les actions (59 % au lieu de 51 %). Certains épargnants savent que c’est le bon moment pour acheter des titres, alors que les cours boursiers ont plongé à cause de la pandémie.
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