L'accompagnement à la mobilité et le métier d’accompagnant
Bien que la mobilité soit un facteur-clé d’indépendance et d’intégration sociale, elle n’est pas une évidence pour tous. De nombreuses personnes en sont encore privées, du fait d’un handicap moteur, mental ou sensoriel qui les empêche de conduire ou d’emprunter les transports en commun. Pour combler cette lacune, des associations et des entreprises proposent des services d’accompagnement à la mobilité. De quoi s’agit-il ? Qui peut en bénéficier et dans quelles conditions ? Petit tour d’horizon des systèmes existant.
Qu’est-ce que l’aide à la mobilité ?
L’aide à la mobilité est un dispositif d’accompagnement – à la fois juridique, matériel et humain – mis en place en vue de permettre aux personnes handicapées d’acquérir ou de conserver une certaine autonomie dans leurs déplacements. Depuis la loi de 1975, les personnes en situation de handicap ont en effet le droit à l’intégration scolaire et sociale ; mettre à leur disposition des moyens de transport adaptés constitue un facteur indispensable vers la matérialisation concrète de ce droit. « Il est important que chacun puisse participer à la vie de la société comme il le souhaite », explique Franck Vialle, le fondateur d’Ulysse Transport (premier réseau français de transport pour les personnes à mobilité réduite). « Pour les personnes souffrant de handicap, le transport doit non seulement être accessible, mais adapté, avec de bonnes conditions de sécurité et de confort. »
Qui sont les personnes concernées par l’aide à la mobilité ?
Les services d’accompagnement à la mobilité s’adressent à toute personne en situation de handicap, que ce dernier soit d’origine motrice, mentale, sensorielle, ou lié à l’âge. Ils couvrent trois types de besoins : les déplacements scolaires, les trajets quotidiens vers les établissements spécialisés, et le transport à la demande. Il faut noter que ces services ne sont pas médicalisés : ils ne concernent pas ceux qui ont besoin d’un transport sanitaire.
Qui sont les accompagnateurs ?
Pendant longtemps, l’accompagnement à la mobilité a été le domaine exclusif de mouvements associatifs locaux. Suite à la loi de 1975, et à la détermination de certains entrepreneurs handicapés – dont Franck Vialle, fondateur d’Ulysse Transport –, sont apparues des sociétés privées qui ont su allier le caractère social à la viabilité économique. Quelle que soit leur forme juridique, les fournisseurs de services d’accompagnement sont des établissements qui s’attachent à remplir une mission locale, et qui disposent d’une flotte de véhicules permettant d’accueillir des passagers handicapés dans de bonnes conditions.
Le rôle des conducteurs est essentiel. « Nous recrutons des personnes qui sont sensibilisées au handicap et qui ont véritablement envie d’être au contact des personnes qui en souffrent », affirme Franck Vialle. « Nous les formons à l’accueil de ce public, à être habilités en termes de communication, de gestes à connaître, de résolution des difficultés éventuelles». Côté transport scolaire, ce sont souvent « des personnes retraitées qui cherchent à travailler à temps partiel, qui connaissent le handicap et qui ont un bon contact avec les enfants », explique Sébastien Erard, directeur d’une agence Ulysse Transport en Ille-et-Vilaine. « Ce sont à 80% des hommes, mais on essaie de recruter plus de femmes. »
Au quotidien, comment cela se passe-t-il ?
C’est un système bien rodé. Les chauffeurs font leur tournée quotidienne de collecte des personnes à leur domicile, puis d’installation dans le véhicule – ce qui prend plus ou moins de temps selon la présence ou non d’un fauteuil roulant – et de conduite à destination. « Concernant le transport scolaire, les conducteurs et les parents finissent par se connaître, puisqu’ils se voient presque tous les jours. Cela peut créer des liens sympathiques. Dans la voiture, on veille aussi à maintenir une atmosphère qui soit agréable pour tous. Bien sûr, il arrive que le chauffeur ou ses passagers soient un peu fatigués, par exemple à la veille des vacances… mais c’est vrai pour tout le monde, pas seulement pour les handicapés ! » note Sébastien Erard.
Quel est le coût pour l’utilisateur ?
Pour financer cette gratuité, les services d’accompagnement de personnes en situation de handicap reçoivent des fonds gérés par les collectivités territoriales, le plus souvent des départements. Le transport vers l’établissement scolaire ou le centre spécialisé ne coûte donc rien au passager. Concernant le transport à la demande – qui diffère par essence de l’aller-retour quotidien prévu par la loi – n’est pas toujours gratuit, mais l’objectif des associations ou des sociétés est de maintenir un tarif accessible.
Quels sont les prochains défis pour ce service ?
Si le maillage associatif ou entrepreneurial a fait des progrès considérables au cours des trente dernières années, la couverture géographique n’est pas encore suffisante. Certaines régions rurales restent en effet mal desservies et leurs résidents ne bénéficient pas d’un service durable ou complet. Par ailleurs, certains établissements d’accompagnement considèrent que la protection de l’environnement doit faire partie de leurs objectifs, et souhaitent augmenter la part de véhicules électriques dans leur flotte… mais cela a un coût qui n’est pas encore pris en charge par les institutions publiques territoriales.
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