Les Français inquiets sur le risque de dépendance
Plus de six personnes sur dix interrogées se sentent concernées à titre personnel par la prise en charge du grand âge et de la perte d'autonomie.
Le nombre d’aidants
Avec le vieillissement de la population, perdre son autonomie est devenue une inquiétude largement partagée. Selon un sondage diffusé le 18 novembre 2019, et réalisé par l’institut Odoxa pour le compte de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (Fehap), de la chaire Santé de Sciences Po, du Figaro Santé, de France Info et du groupe de protection sociale Nehs, 59% des 1 002 individus âgés de 18 ans et plus interrogés se sentent concernées à titre personnel par la prise en charge du grand âge et de la dépendance.
Lorsque la question est posée à des proches qui aident une personne dépendante, le taux augmente en toute logique. 79% des 477 aidants sondés par Odoxa se disent concernés par la gestion de la perte d’autonomie. D’une manière générale, 49% des Français estiment que la question de la santé et de l’accompagnement du grand âge constitue une préoccupation prioritaire. Là aussi, le taux grimpe à 59% chez les aidants.
Des services jugés insuffisants
Problème : 68% des répondants jugent que la prise en charge de la dépendance est insatisfaisante en France. Paradoxalement, seulement 60% des aidants sont du même avis. Cette mauvaise impression alimente l’inquiétude sur la perte d’autonomie. 68% des déclarants doutent de leur capacité actuelle et future à accéder à l’ensemble des services d’aides aux personnes dépendantes. La proportion atteint 82% chez les aidants.
Plus généralement, 54% des sondés sont inquiets quant à leur façon de gérer leur propre vieillissement. C’est le cas de 64% des aidants. Cette fois-ci encore, la réponse de ces derniers n’est pas très surprenante, sachant que les proches qui aident les personnes âgées dépendantes sont le plus souvent leurs enfants et ont généralement autour de la soixantaine (la perte d’autonomie survient en moyenne à partir de 80 ans).
La peur des problèmes de santé en premier
Plus que le manque de revenus, l’isolement social, la sécurité ou le logement, ce sont les problèmes de santé qui inquiètent le plus dans le vieillissement (cités par 42% des personnes interrogées et 37% des aidants). Grosso modo, la majorité des Français se déclarent bien informés sur les pathologies liées à l’âge. 51% disent connaître les dégradations de la mobilité, de la vue et de l’audition, 50% les maladies chroniques (dont les cancers) et 45% les troubles cognitifs (Alzheimer, sénilité précoce...). À peine 42% sont au courant des mesures de prévention pour prévenir ces risques.
Dans le cas où les personnes sondées verraient leurs capacités physiques se dégrader avec l’âge, 56% pensent qu’il faudra qu’ils adaptent leur logement, 30% alterneraient présence à domicile et dans une structure, et 13% intégreraient un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). S’ils étaient atteints d’un trouble cognitif, 43% rejoindraient un Ehpad.
Une méconnaissance des dispositifs
Or, 70% des répondants ont le sentiment de ne pas bien cerner les dispositifs de prise en charge de la perte d’autonomie. 52% des aidants avouent les méconnaître également, ce qui parait étonnant alors qu’ils sont confrontés à la dépendance. Les Français sont persuadés à 74% que les dispositifs de maintien à domicile sont insuffisants, et à 76% ceux d’hébergement en Ehpad. Les pourcentages sont respectivement de 65% et de 69% chez les aidants. 75% des déclarants trouvent ces dispositifs complexes, et 67% inefficaces (72% et 60% pour les aidants).
Pour les Français, le financement de la perte d’autonomie devrait relever de la solidarité nationale (48% des réponses), devant les départements (23%), les acteurs privés comme les complémentaires santé (19%) et enfin, les communes (9%). Près des trois-quarts du panel (73%) seraient favorables à la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée à la dépendance, à côté de l’assurance maladie, de la famille, de l’assurance vieillesse, des accidents de travail et des maladies professionnelles (AT-MP).
Reste que les Français semblent partagés quant au financement de la perte d’autonomie. 30% prônent une augmentation des prélèvements obligatoires (cotisations sociales, CSG...). 23% pensent qu’il faut encourager, voire rendre obligatoire la souscription à une assurance dépendance qui verserait une rente en cas de perte d’autonomie. 10% militent pour une hausse du « reste à charge » (la part restante à payer une fois les aides déduites) des utilisateurs. Et 36% ne choisissent aucune de ces solutions...
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