Les taux négatifs : cause et effets
Dans plusieurs pays, notamment en Europe et au Japon, sont apparus des taux d’intérêts négatifs. Cette situation n’est pas commune, ce qui nous amène à nous demander la raison de l’apparition des taux d’intérêts négatifs et des conséquences qu’ils peuvent avoir.
Les banques centrales baissent leurs taux… jusqu’en « territoire négatif »
Suite à la crise de 2008, les banques centrales du monde entier ont baissé leurs taux d’intérêts de façon à relancer l’économie en rendant le crédit moins cher. Cependant, une fois à zéro, il n’est plus possible de baisser les taux… quoique !
Actuellement en zone euro, le taux des opérations principales de refinancement est à 0 %, c’est-à-dire que les banques peuvent emprunter auprès de la Banque centrale à taux 0. Cependant, le taux de dépôt au jour le jour est de – 0,5 % (il a été abaissé le 18 septembre 2019 et était auparavant de – 0,4 %). Il s’agit du taux auquel les banques peuvent placer leurs réserves excédentaires auprès de la banque centrale. En effet, tout comme un particulier possède un compte auprès de sa banque, celle-ci possède un compte auprès de la Banque centrale. L’intérêt d’un taux négatif sur les réserves excédentaires est d’inciter les banques à ne pas garder leurs réserves à la Banque centrale mais d’injecter ces sommes dans l’économie de façon à stimuler la croissance.
De plus, les banques centrales se sont lancées dans des politiques de rachat d’actifs (parfois appelés quantitative easing, ou QE). Concrètement, les banques centrales ont racheté une grande quantité d’obligations (notamment émises par les États) de façon à en faire baisser les taux par le jeu de l’offre et de la demande (plus d’achat d’obligations signifie une hausse de leur cours, donc une baisse de leur taux de rendement).
Les répercussions de la politique monétaire sur les taux obligataires
La politique de taux bas (voire négatifs) et de rachat d’actifs des banques centrales a entraîné une baisse des taux obligataires. A tel point que certaines obligations ayant des taux négatifs, comme les obligations de l’État français à 10 ans, présentent début octobre 2019 un taux d’environ – 0,3 %.
En poussant les taux à la baisse, les banques centrales donnent une marge de manœuvre supplémentaire aux agents endettés (entreprises et États notamment) et rendent l’investissement moins coûteux. Ainsi, les investissements pourraient croître et ainsi renforcer la croissance. Le succès de cette politique est cependant discutable au vu de la morosité de la conjoncture.
Il peut sembler contradictoire que les investisseurs acceptent de souscrire des obligations présentant un taux négatif. Cela peut s’expliquer par le manque d’alternatives : dans un monde où tous les taux sont très bas, les investisseurs acceptent des taux négatifs en souscrivant à des titres réputés sûrs. La situation est un peu celle d’un particulier qui loue un coffre pour entasser des liasses de billets. Son rendement est négatif (les billets ne rapportent rien et la location du coffre est payante) mais il augmente ainsi la sécurité de son capital.
Les taux négatifs présentent-ils des risques particuliers ?
Cette situation fait naître certaines inquiétudes quant à la stabilité financière. La faiblesse des taux peut par exemple conduire à un excès d’endettement qui pourrait générer des bulles spéculatives lors d’une remontée des taux. Cela semble déjà perceptible dans l’envolée des prix de l’immobilier de certaines grandes villes, dopés par le crédit bon marché.
L’autre risque serait de voir de nombreux agents économiques lourdement endettés (pour profiter des taux bas) se retrouver en situation de faillite. Cela pourrait ainsi concerner autant des entreprises que des Etats dont les finances publiques sont dégradées. C’est le cas par exemple de l’Italie dont la solvabilité budgétaire pourrait être compromise par un tel scénario.
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