La reprise économique en question
La pandémie de Covid-19 a provoqué, en France, comme dans le reste du monde, une crise d’une ampleur sans précédent, provoquant la récession la plus sévère depuis la création des comptes nationaux après la Seconde Guerre mondiale. Si, depuis la fin du confinement en mai, l’activité économique reprend en France, l’incertitude autour de la forme de cette reprise demeure entière. Va-t-on assister à une reprise en V, en U ou encore en W ? Explications.
Une reprise en V, U, L, W ?
Les économistes usent de nombreuses métaphores pour décrire la forme que peut prendre, après une crise, la reprise économique. Elles se résument le plus souvent à une lettre cherchant à synthétiser la forme de la courbe de l’évolution du PIB dans le temps. « V » désigne ainsi le scénario le plus optimiste. Une reprise « en V » fait, en effet, référence à un retour rapide au niveau d’activité en vigueur avant le déclenchement de la crise. Moins favorable pour l’économie, un scénario « en U » renvoie, quant à lui, à un épisode de crise se transformant durablement en récession. Il s’agit, peu ou prou, de la situation qu’a, par exemple, connue la France suite à la crise de 2008-2009 : celle-ci déboucha sur une récession de cinq trimestres consécutifs, avant que l’activité économique ne retrouve son niveau d’avant-crise fin 2020 (graphique 1). Autre lettre utilisée pour décrire la reprise économique : le W. L’hypothèse d’une trajectoire « en W » est celle d’une rechute de l’économie après un premier rebond rapide. Le scénario « en L », enfin, est le plus pessimiste. Dans cette hypothèse, en effet, l’économie s’installe dans une dépression durable et ne parvient pas avant de longues années à retrouver son niveau d’avant la crise.
Graphique 1 : Une reprise « en U » en France après la crise de 2008
Quelle reprise économique en 2020 ?
La récession provoquée par l’irruption de la pandémie de Covid-19 a été particulièrement sévère en France. Tant du fait des mesures de confinement et des restrictions pesant sur certains secteurs, qu’en raison d’un recul de la demande, l’activité économique a reculé de près de 30 % en avril, selon des données provisoires de l’INSEE. Les pertes d’activité en mai et juin s’élèvent respectivement à 22 et 12 %, par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Au total, les comptables nationaux estiment que le PIB devrait reculer de près de 9 % en France en 2020.
Les dernières prévisions de la Banque de France font, toutefois, état d’une reprise économique en forme de « demi V », ou, pour reprendre les termes de son Gouverneur, « en aile d’oiseau ». Selon la Banque de France, l’activité économique reprendra rapidement, dans un premier temps, avec une croissance du PIB de 8 % en 2021. Ensuite, la reprise de l’activité sera plus graduelle : il faudra attendre le troisième trimestre de l’année 2022 pour retrouver le niveau d’activité du début 2020. En l’état, ces prévisions ne prennent pas en compte une reprise éventuelle de l’épidémie en France. Une « seconde vague » de Covid-19 les rendrait, à n’en pas douter, totalement caduques et pourrait rapprocher la France d’un scénario « en W »…
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