Investissement solidaire : qu'est-ce que c'est ?
Les épargnants ont désormais la possibilité de placer leur argent sur des supports plus éthiques : c’est l’investissement social responsable. Méconnus des Français, ces fonds ISR sont pourtant accessibles via l’assurance-vie, le PEA, le compte titre et surtout l’épargne salariale. À quoi correspond concrètement l’investissement solidaire ? Est-ce un placement performant et quelles sont ses perspectives ? État des lieux.
Épargne solidaire ou investissement solidaire : quelles différences ?
L’investissement social responsable (ISR) et les placements d’épargne solidaire sont différents par nature. Les produits d’épargne solidaire ont vocation à soutenir les entreprises et les organismes qui visent une utilité sociale et non un strict profit. Ces entreprises ne sont pas cotées sur les marchés boursiers. Elles participent au développement économique de territoires de proximité et sont axées sur des activités non délocalisables autour des problématiques de logement, d’emploi ou d’environnement durable.
L’ISR a une démarche distincte puisqu’il garde comme priorité la performance des supports d’investissement. Comme pour les supports classiques, les gérants tiennent compte de critères financiers (solidité de l’entreprise ciblée, niveau des profits, perspectives, etc.) mais ajoutent dans leur arbitrage des éléments extra-financiers (apport environnemental, social, de gouvernance). Ce mix d’informations permet d’établir la stratégie de placements et de définir les actifs de leurs portefeuilles. L’investissement social responsable peut également prendre la forme d’exclusion, des placements éthiques excluant certains secteurs d’activités tels que l’armement, le jeu, le nucléaire, le tabac, les OGM, etc.
L’idée sous-jacente est qu’une entreprise qui présente une mauvaise gouvernance ou dont l’activité cause des dégâts sur l’environnement verra forcément à terme son développement entravé et ses résultats dégradés. À l’inverse, des entreprises vertueuses gagnent en attractivité. Leur cours de bourse s’apprécie, ce qui booste la rentabilité des fonds collectifs ISR (sicav, fonds commun de placement) ayant misé sur elles. Il est notable de constater que les rendements des fonds ISR avoisinent en moyenne ceux des fonds classiques.
L’investissement solidaire en chiffres
D’après un rapport du portail de la nouvelle finance Novafi, les fonds ISR ayant le plus rapporté en 2017 sont les fonds investis dans les énergies renouvelables (+11,9 %), la gestion et l’accès à l’eau (+11,4 %), la santé et l’accès aux soins (+10 %). Les taux servis par les fonds 90/10 ont atteint 10,3 %. Ils ont la particularité d’être investis pour 90 % en ISR et pour 10 % dans des entreprises solidaires non cotées. C’est typiquement le cas des fonds communs de placement d’entreprises solidaires (PEE, Perco…) et des produits d’épargne d’investissement solidaire distribués par les banques.
En moyenne, le rendement de l’ensemble des fonds ISR est de +6,2 %. La performance des fonds labellisés ISR est en moyenne de +8,4 %. Mis en place en 2006, ce label ISR apporte plus de transparence aux épargnants. Il valorise les sociétés de gestion du fonds qui ont établi une méthodologie et des moyens d’analyse sur ces critères éthiques. Ce label est attribué par l’Afnor ou par le cabinet d’audit EY France. Un contrôle est effectué au moins tous les trois ans, les autorités se réservant le droit de retirer le label en cas de non-respect des engagements pris.
Dans le cadre de son assurance-vie Compte Épargne Libre Avenir Multisupport, la MIF présente ainsi deux fonds ISR pilotés par la société de gestions d’actifs OFI Asset Management : OFI RS Euro Equity C FR0000971160 et OFI RS Liquidités Part C/D FR0000008997.
Investissement solidaire : les perspectives
L’assurance-vie ne représente que 1,8 % des encours des placements solidaires, alors qu’elle pèse plus de 35 % des encours des placements financiers en France. Pour rééquilibrer la balance, le ministre de l’Économie et des finances a déclaré que des supports verts en unités de compte devront être intégrés dans les contrats d’assurance-vie. Lors du Climate Finance Day du 11 décembre 2017, il a annoncé sa volonté de proposer un fonds labellisé climat. C’est une opportunité pour les fonds déjà labellisés TEEC dédiés au financement de la transition écologique et de l’économie verte.
Toutefois, l’ISR souffre d’un manque de promotion de la part des établissements financiers, donc d’une méconnaissance de la part des investisseurs. L’investissement solidaire pâtit aussi d’un manque de précision sur sa vocation, les épargnants croyant que leur rendement ne serait pas aussi performant par rapport aux placements traditionnels. Malgré une amélioration sur la transparence de l’ISR, l’Autorité des marchés financiers (AMF) pointait en décembre 2017 « une absence d’homogénéité » nuisant « à la lisibilité auprès des investisseurs non professionnels ».
Au niveau continental, le rapport sur la finance solidaire, remis à la Commission européenne le 31 janvier 2017, évoque la création d’un label spécifique aux fonds ISR. L’objectif est d’uniformiser les normes des différents labels ISR nationaux pour asseoir une meilleure visibilité et accroître leur lisibilité. L’idée est de partir de l’écolabel déjà existant pour le décliner à l’ISR. Dans une étude menée en mars 2017, Novethic regrettait qu’en Europe les 165 fonds ISR ne représentent que 22 milliards d’euros des encours pour seulement 5 % de l’offre globale de fonds.
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